La Française des Jeux est devenue au fil des années une entreprise florissante et un acteur reconnu des jeux d’argent et des jeux de hasard en France. Aujourd’hui, qui ne connaît pas effectivement la Française des Jeux, plus communément appelé FDJ, ses fameux jeux de tirage comme le Loto et l’Euromillions, ou ses jeux à gratter comme Cash ou Millionnaire ? Son histoire est souvent moins connue cependant, c’est pourquoi nous vous proposons de vous la faire découvrir !
A l’origine, La Loterie Nationale et les Gueules Cassées
1933. La société se remet à peine de la première guerre mondiale et certains soldats du front restent marqués à jamais par cette grande guerre. Ils sont parfois défigurés en totalité ou en partie, ont des blessures importantes à la tête… et sont surnommés “les gueules cassées”. Toutefois, ils ne sont pas considérés à l’époque comme des handicapés et ne bénéficient pas d’aides de l’Etat français.
Pour s’en sortir, deux d’entre eux, Bienaimé Jourdain et Albert Juon, ont l’idée de relancer le concept de loterie en France, après une percée au XVIe siècle, sous le règne de François 1er, et la création de loteries royales bien après. Ils organisent des premières loteries pour le compte de l’association « Les Gueules Cassées « . L’objectif est alors de récolter des fonds pour venir en aide à tous les blessés de guerre.
L’Etat s’empare ensuite du sujet pour créer une loterie officielle, par décret, qui reprend le principe fondateur de solidarité aux anciens combattants et s’élargit même aux agriculteurs victimes de sinistres météorologiques. C’est ainsi que naît en France La Loterie Nationale, en juillet 1933. Les choses s’accélèrent ensuite. Un premier tirage est organisé en novembre 1933, sur la place du Trocadéro à Paris. Près de 5000 personnes viennent assister à l’évènement. Il faut dire que le premier lot est déjà un très gros lot ! Le vainqueur remporte la somme de 5 000 000 francs de l’époque, ce qui correspond à peu près à 3,3 millions d’euros aujourd’hui.
Les premiers billets sont émis et vendus par des associations d’anciens combattants et notamment Les Gueules Cassées, à partir de 1935. Ils sont rapidement fractionnés pour réduire leur prix, ce qui permet à un plus grand nombre de joueurs de participer. La loterie commence ainsi à s’émanciper. Mais l’histoire ne laisse pas de répit avec le déclenchement de la seconde guerre mondiale, en 1939, ce qui n’empêche pas malgré tout le déroulement des tirages de la Loterie Nationale.
L’émancipation de La Loterie Nationale après guerre
La fréquence des tirages s’intensifie après la guerre, pour apparaître toutes les semaines. C’est aussi le début des tirages événementiels, qui font leur apparition dans les années 1960, comme ceux organisés pour la Saint-Valentin, la fête des mères ou encore pour les vendredi 13. Malgré son succès, la loterie n’en est pas moins concurrencé par d’autres jeux populaires, comme le tiercé qui voit le jour en 1954. C’est le début de la concurrence nationale entre la Française des Jeux et le PMU ! Malgré tout, la Loterie Nationale ne manque pas d’idées pour faire parler d’elle. En 1958, pour fêter ses 25 ans, un tirage exceptionnel est organisé avec un gros lot de 150 millions de francs ! A la fin des années 60, près d’un Français adulte sur 2 a déjà joué à La Loterie Nationale.
La naissance du Loto dans les années 70
Dans le but de moderniser La Loterie Nationale et pour faire face à la nouvelle concurrence du tiercé, un nouveau jeu d’argent est introduit en France. C’est bien sûr le Loto ! Sa création est imaginée par Maurice Caradet, alors à la tête de Loterie Nationale, et entérinée le 10 juillet 1975 par la signature d’un décret. Il faut attendre l’année suivante pour que le premier tirage se déroule, en mai 1976, au théâtre de l’Empire à Paris. Cependant, ce premier tirage est décevant avec seulement 73 680 tickets achetés. Il faut dire que le Loto n’est pas encore très connu, et seuls des points de vente situés en région parisienne vendent les billets.
Rapidement, le problème est pris à bras le corps, et l’ensemble du territoire est couvert dès l’été 1977. Les articles de presse permettent de raconter les histoires des premiers gagnants et le phénomène commence à envahir le pays. Un record est même atteint, en mai 1977, avec 7 millions de bulletins vendus par semaine, un an tout juste après le lancement du Loto. Les journaux télévisés participent aussi à la promotion de ce nouveau jeu de hasard :
Ravi de ce succès, l’Etat Français souhaite aller plus loin et crée alors, en 1979, la Société de la loterie nationale et du Loto national (SLNLN), ancêtre de la Française des Jeux. Cette nouvelle société remplace La Loterie Nationale. L’Etat détient alors 51% des parts de cette nouvelle société. De leur côté, les émetteurs de billets de loterie conservent 49% des parts.
L’apparition de nouveaux jeux dans les années 80 et 90
Les années 80 et 90 sont marquées par l’arrivée de nouveaux jeux de hasard. La Française des Jeux diversifie son offre dès 1983, avec le lancement de « Tac o Tac« , un jeu qui mêle un ticket à gratter et un billet de tirage. Puis, en 1985, le Loto sportif multisports est le premier jeu de pronostics sportifs lancé en France.
En 1989, la SLNLN devient France Loto. L’Etat en profite pour grimper au capital et détient désormais 72% des parts. La même année, est lancé le premier véritable jeu de grattage « Cash 100 000 francs« . L’imprimeur Oberthur est choisi pour imprimer ces premiers tickets à gratter. C’est le début d’une longue histoire d’amour entre la FDJ et les jeux à gratter. Notamment avec le jeu Millionnaire, qui devient mythique, grâce à ses émissions télévisées diffusées à partir de l’année 1991, et jusqu’en 2009 !
En 1991, la société change à nouveau de nom pour la Française des Jeux. La nouvelle société assoit également son rôle sociétal avec la création de sa Fondation d’entreprise, qui permet notamment de financer un certain nombre de projets sportifs.
L’ère digitale des années 2000
Le début des années 2000 est un tournant important pour de nombreuses entreprises avec le développement d’internet et des nouvelles technologies de l’information et de la communication.
La FDJ saisie le pas et crée son propre site fdjeux.com, où il est possible de jouer à des jeux exclusifs en ligne. En 2003, il est même possible de jouer au LOTO et à d’autres jeux de grattage sur le site de la Française des Jeux. C’est le début des jeux en ligne.
2004 est l’année de la création d’Euromillions, un jeu de tirage à boules similaire au Loto, organisé avec d’autres loteries européennes. Au départ, le jeu est organisé conjointement avec les loteries anglaises et espagnoles mais elles sont rapidement rejointes par d’autres. Aujourd’hui, le jeu Euromillions permet à des joueurs de 12 pays en Europe de participer. Ce regroupement a permis de se rapprocher des plus gros lots offerts par les loteries américaines notamment, même si on est encore loin du milliard d’euros (les plus gros lots d’Euromillions n’ont jamais dépassé 250 000 millions d’euros).
En 2009, la FDJ lance un autre site internet, Parions web, pour anticiper la concurrence des opérateurs de paris sportifs en ligne comme Unibet ou BetClic. La même année, elle annonce la création de la marque « FDJ« , associé d’un nouveau logo. Le 12 mai 2010, c’est bien l’entrée en vigueur de la loi visant à ouvrir à la concurrence le secteur des jeux d’argent et de hasard en ligne.
Plus tard, la FDJ continuera de contribuer au financement de causes comme avec la Mission Patrimoine. Lancée en 2018, ce projet vise à financer la rénovation des monuments et lieux historiques en France, sous l’égide de la Fondation du Patrimoine de Stéphane Bern.
En 2019, la FDJ revient sur le devant de la scène en annonçant sa privatisation, et par la même son entrée en bourse, orchestrée par le gouvernement. De nombreux français se laissent alors tenter pour investir dans cette belle aventure de la Française des Jeux !